Funny Games

Bud · 2007-04-17 21:18:22

Whoa, je viens de me prendre une claque cinématographique que je veux absolument partager avec vous !

Je viens tout juste de regarder Funny Games, un film dont je n'avait jamais entendu parler, et que l'on m'a conseillé récemment.

Le film est assez long, aussi ne vais-je pas vous raconter tout son contenu en détail, mais plutôt spoiler un ou deux éléments qui devraient vous donner envie de le voir, et vous raconter l'histoire rapidement.

Funny Games, prix du festival de Cannes 1997, réalisé par Michael Haneke.

Une famille riche et moderne part passer quelques jours dans leur maison de vacance, au bord d'un lac. La maman, Anna, le père, Georg, et leur enfant, Schorschi, sans oublier leur gentil chien, Rolfi.
Une fois arrivé chez eux, deux étranges jeunes hommes viennent leur rendre visite sous le prétexte de leur demander quelques oeufs pour les dépanner...mais rapidement, ils montreront ce pour quoi ils sont réellement venus...

L'introduction du film est complètement représentative de tout ce que vous allez voir par la suite. Voici notre joyeuse famille sur la route, on joue à un blind test de musique classique, on est heureux de partir en vacances faire du bateau. Et d'un coup, le générique commence, la musique classique et très brutalement remplacée par une chanson Punk metal assourdissante et violente, que nous retrouverons encore 2 ou 3 fois dans le film. On sait déjà que la tranquillité visible ne vas pas faire long feu...

Tandis que notre famille s'installe dans leur maison, voilà 2 individus qui donnent une très bonne impression, habillés pours les vacances, en short et bermuda, tout en blanc, et portant étrangement chacun une paire de gants en soie blanche, qu'ils ne quitteront jamais. Ces deux jeunes gens sont tout ce qu'il y a de correct. Toujours très polis, quelque soit la situation, ils ont une syntaxe parfaite, et sont le plus gentil du monde. Ce qui rajoute à leur aspect étrange qui met mal a l'aise...

Je vous présente Paul et Pierre. Enfin on ne connais pas vraiment leur nom, parfois ils en changent tout naturellement, Paul devient Tom, ou Butthead, et Pierre devient Bouboule, Gros lard, Jerry ou encore Beavis...
On ne sait pas non plus ce qu'ils font. Au tout début, un voisin de la famille présente Paul comme étant le fils d'un ami de travail, et plus tard, Pierre dira faire tantôt des études de médecine, de droit.... rien de très fiable...

D'un coup, tout s'enchaine très vite, après avoir plusieurs fois demandé leurs oeufs, le gentil père se fait d'un coup casser la jambe d'un coup de club de golf, et le cauchemard commence pour la pauvre famille...

Le titre du film est explicit. Le duo inquiétant n'est là que pour jouer. En passant par un chaud froid, par un chaton dans le sac, par des devinettes ou des paris, ils entrainent à chaque nouveau jeu la famille un peu plus loin dans l'horreur. Le pire est que le telespectateur est pris a parti ! Ce qui met très franchement mal à l'aise...

En effet, Paul, le leader du duo, prend 3 fois à parti le spectateur, en lui faisant un clin d'oeil, ou en le regardant droit dans les yeux et en nous parlant... :

"Froid, froid, froid.... ah ! Chaud..."

"Nous allons faire le paris que dans 12 heures vous serez kaput. Et vous, que pariez vous ? Nous savons que vous êtes de leur côté, alors que pariez vous ?"

"-laisse les faire ce qu'ils veulent, ca finira plus vite..."
"-vous êtes sûr ? C'est un peu court pour un long métrage. Ca vous suffit à vous ? Vous attendez un dénouement plausible, une fin digne de ce nom...?"

On retrouve dans ce film étrange qui prend les bases du thriller complètement de travers des influences diverses. J'y ai reconnu un peu d'Orange Mécanique, du C'est arrivé pret de chez vous...

Le film commence comme un thriller psychologique mais le cinéaste en pervertit tous les codes. Le spectateur est pris à parti. Clin d'oeil de Paul à la caméra, apartés de Paul à la caméra (Vous pensez qu'ils ont une chance? Vous êtes bien de leur coté? Sur qui misez-vous? ou encore Vous en avez assez?). Habituellement, l'enfant et le chien sont très souvent épargnés dans ce genre de film. Haneke, lui, commence par eux...

Le film est composé de 3 parties principales, la première où le jeu commence, la deuxième, où le jeu est terminé, après un évênement disons...tragique, et la troisième, qui viens clôre le jeu du duo des gentlemen infernaux...

Et voilà le moment que je vais vous spoiler, il est de taille mais ne vous gachera en rien le film, et il fait parti du fait que Haneke chamboule vraiment tous les uses et coutumes de ce genre de cinéma.

A l'occasion d'un nouveau jeu, la mère s'empare d'un fusil et tue Pierre. Paul, se met alors à chercher la télécommande, on se dit tiens, il veut sortir (en effet la maison possede un portail electrique), mais à la surprise général, il s'empare de celle de la télévision et appui sur retour arrière.... mais je n'en dirais pas plus...

Le film prend fin alors que les deux compères ont une grande discution sur la réalité et la fiction, ce que l'on voit est-il réel ou virtuel... on se dit que ce n'est pas des paroles en l'air et que ce cher Haneke à voulu faire passer un message... wink

Je vous laisse l'url d'un site qui raconte en détail le film et tout ce qu'il y a d'interessant à étudier dedans.

http://yrol.free.fr/CINEMA/HANEKE/funnygames.htm

Je vous recommande vraiment ce film, il est veritablement novateur, et pas assez connu à mon avis...

Vosu trouverez même sur eMule une version française avec l'interview du réalisateur... :
'Funny.Games.-.Xvid.FR...iterview.de.michael.Haneke.-.by.mAsTo'

A bon entendeur, bon visionnage wink moi je vais me taper Tron maintenant tongue

aglon · 2007-04-18 17:37:10

argh pas encore vu alors qu'il traine depuis 1 an sur mon dur.
ca me fait un peu chier de m'etre tapé des hellsing ou des fast and furious drift avant de voir ca

krom · 2007-04-18 17:44:40

aglon wrote:

argh pas encore vu alors qu'il traine depuis 1 an sur mon dur.
ca me fait un peu chier de m'etre tapé des hellsing ou des fast and furious drift avant de voir ca

tu n'es pas un vrai g33k! ce film doit etre vu al'instar de c'est arrivé pres de chez vous: humour noiratre, sadisme sans limites, rires involontaires garantis! je conseille, oh oui!!

papy tromblon · 2007-04-19 14:15:49

Vu, vu vu et revu!!!!!!
du bon, voire tres bon malgré le manque de moyen et d'ambitions, ca claque sec!

coaster · 2007-04-20 11:49:05

merci du conseil bud big_smile

psycho · 2007-04-20 18:35:32

pas vu et c'est tant mieux!!
marre de dire du bien de ce que je connais deja! merci de faire decouvrir des trucs vraiment nouveaux big_smile

anus · 2008-05-20 10:33:24

Funny games us

Michael Haneke n'a jamais caché qu'il avait réalisé la première version de Funny Games pour rendre compte des dangers d'une violence consommable dans un cinéma américain inconscient du pouvoir de ses images. Le réalisateur philosophe a toujours voué une détestation cordiale envers des cinéastes comme Quentin Tarantino et Oliver Stone qui ont contribué consciemment ou non dans les années 90 à rendre la violence, la souffrance humaine et la vision du sang "supportables" sur grand écran. A l'époque, il avait juste oublié que les spectateurs Américains ne se précipiteraient pas pour découvrir un film Autrichien controversé au festival de Cannes avec dans les rôles principaux des acteurs qui ne s'expriment pas dans leur langue. Evénement fâcheux : Funny Games s'est taillé au fil des années dans le reste du monde une réputation de "film culte" sous prétexte qu'il contenait des situations insoutenables et une tension plus asphyxiante que n'importe quel film d'horreur cherchant à procurer l'effroi ou le malaise. Pour Haneke, ce succès rime avec échec artistique puisqu'il n'a jamais voulu réaliser de film d'horreur et n'a pas réussi à délivrer de message. Lui-même l'avoue: il a été dépassé par un phénomène malsain. Au gré d'interviews, il compare le statut gênant de son film à Orange Mécanique, de Stanley Kubrick qui en son temps a déçu son auteur parce que le public favorisait le contenant au contenu et donc la surface du film-choc à la profondeur de la réflexion sur la délinquance. Il aurait même pensé à le détruire pour décliner toute responsabilité. Voilà pourquoi, au-delà du simple remake qui reprend plan par plan le canevas originel sans changer la moindre miette formelle ou narrative, Funny Games US doit avant tout être vu comme une réponse aux malentendus.

Il y a dix ans, le but de Haneke était de dénoncer la violence par la violence en utilisant d'effets souvent virtuoses (la télécommande qui permet de rembobiner le film), en s'appuyant sur des victimes assimilées comme des pions innocents sur un damier sanglant, en ne leur laissant aucune échappatoire. Depuis, sa filmographie a évolué et souligné à quel point le cinéaste aimait la dissertation en bobine et les fresques édifiantes qui traitent de la loi et de la pulsion et dissèquent les entrailles de l'homme (qui est un loup pour l'homme). Il suffit de voir Le temps du loup, film post-apocalyptique vaporeux réalisé entre La pianiste et Caché. La première scène brutale où l'on voyait une famille bourgeoise débarquer dans sa maison de campagne avec des provisions et se faire agresser par des inconnus faisait penser à Funny Games. Malgré les succès d'estime (Caché, porté aux nues lors de son passage au festival de Cannes), un retour light à ses premières amours (Code Inconnu, réflexion sur la communication) et une commande excellemment négociée (La pianiste, qu'il ne devait pas réaliser à l'origine), on a toujours senti chez Haneke une envie de revenir à son film le plus polémique - plus polémique encore que sa trilogie de la glaciation émotionnelle (Le septième continent, Benny's Video et 71 fragments d'une chronologie du hasard) - pour se justifier et expérimenter cette déréalisation d'une violence ordinaire qui peut surgir à tout moment. Tous ces arguments suffisent à justifier la raison d'être de cette entreprise US qui ne prend jamais le spectateur dans des filets mercantiles. Ce serait mal connaître le genre de la maison. Haneke est au-dessus de ça: proposer une relecture à Funny Games doit se voir comme le fantasme désormais accompli d'un cinéaste qui ne facilite rien au pauvre spectateur traité comme un rat de laboratoire, condamné à subir des événements ignobles, en devenant le complice des deux tueurs (on retrouve les clins d'oeils lancés à la caméra). Elle s'adresse presque exclusivement à un public américain qui risque d'être attiré par un marketing stimulant (la bande-annonce donne envie en reprenant un découpage à la Orange Mécanique) et un casting potentiellement séduisant (Naomi Watts, Tim Roth ou même Michael Pitt dans le rôle du méchant aux gants blancs).

Sous-culture : là où les geeks se sentent chez eux

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